Crainte d'esclave

Me pardonnerez-vous d’examiner les craintes d’un esclave ?

Ce que je crois :

D’abord l’esclave existe en soi avant même qu’on en ait conscience

L’éducation reçue nous interdit de nous penser comme tel avant un certain âge

Nous vivons mal les contradictions entre ce que nous sommes et ce que l’on nous demande d’être.

Lorsque la prise de conscience a lieu c’est comme une découverte. Un objet précieux, mais que l’on cache, que l’on examine soigneusement en se demandant s’il est bien pour nous. Puis on se rend compte que l’objet seul n’a pas d’utilité, n’apporte aucune réponse en soi. Il ne prend sa valeur que si, et seulement si, il est partagé avec quelqu’un conscient de son importance, mais qui ne l’utilisera pas selon nos désirs, mais en fonction de son besoin propre.

On va devoir abandonner la propriété même de cet objet, le laisser aux mains de l’autre pour qu’il en use à sa guise. Bien sûr on a besoin de cela, on aime que l’objet que l’on offre soit l’objet de toutes les attentions, et que l’on partage l’objectif de l’embellir encore de l’améliorer. On va scruter toutes les réactions, les actions de l’autre sur l’objet.

Notre première crainte est qu’il (l’Autre) le traite mal, le comprenne mal, ne saisisse pas sa beauté. Nous n’avons pas encore à ce moment là transféré vraiment la propriété.

Si l’observation est positive, on acceptera de lâcher un peu plus l’objet pour qu’il devienne plus le sien.

Deuxième crainte c’est de ne plus pouvoir exprimer son avis sur la possession par l’autre. Et si je ne suis pas d’accord comment cela se passera-t-il ?

Mais on avance, un peu plus, et au détour de réflexion, de travail, on découvre que décidément on obtient la paix de l’âme, du corps, de l’esprit dans ce processus, et que l’objet à qui on trouvait quelque beauté est encore embelli plus qu’on ne pouvait l’imaginer en le donnant à l’autre.

Troisième crainte : l’Autre sent-il ce transfert de propriété, cet abandon progressif sans retour et total ? Saura-t-il plus, mieux que moi donner à cet objet la beauté qu’il mérite ?

La véritable confiance est là. L’objet appartient désormais à l’autre pleinement. L’on est libre, libéré des chaînes qui nous entravaient, qui nous retenaient de donner pleinement ce qu’il y a en nous.

Quatrième et dernière crainte : Plus rien ne nous retient, le don est total, la décision non seulement nous échappe, mais naît de la seule volonté de l’autre.

Nous voilà né comme esclave. La propriété s’est transférée matériellement, mais aussi spirituellement, et notre âme ne respire plus que les parfums ressentis par l’autre. C’est une nouvelle plénitude, les secousses à venir seront comme ces mauvais rêves que l’on chasse au matin. Une certitude s’est installée, rassurante, j’ai pris la bonne décision lorsque par hasard où non j’ai pris conscience que mon destin était de me remettre entre les mains d’un autre.

On m’objectera que la nature humaine inaliénable ne peut à l’évidence supporter cela. Qu’avons-nous à opposer à cette certitude fondée sur la crainte ancestrale de l’autre, sinon notre propre certitude, et le fait de SAVOIR sans plus aucun doute, qu’en ce qui nous concerne la vérité est là : celui (l’Autre) que j’ai choisi pour être mon Maître, ma Maîtresse tient entre ses mains ma confiance, mon être dans son intégralité, âme corps et esprit.

Et du refus initial de s’abandonner librement, l’on est ainsi passé à la confiance inébranlable en notre désormais propriétaire, et nous savons que sans doute, il fera de nous l’objet merveilleux que nous avons BESOIN d’être.

Merci la Carpette de nous faire partager vos craintes d'esclave

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